Ils continuent de me chercher, et hier, ils ont bien faillis me trouver. Je les ais vus m'appeler, me supplier, avant que je ne tourne vite les talons et ne les sèmes dans les rues pavés de cette ville déjà trop grande. Cela n’est plus possible, nous ne pouvons pas continuer sur cette voie la. Bientôt, ils découvriront ma tenue de sorcière, et je n’aurai plus aucun répit. Bientôt, je serais de retour dans ce complexe aseptisé. Mes parents, pour ma propre sécurité, je me dois de les abandonner. Alors, j’ai décidée, non sans avoir hésité, de demander au diable une protection. Mon diable a pour nom Luciano, et nous n’avons pas encore pris de rendez vous. En réalité, je ne lui ai même pas encore parlée. Il ne sait rien de mon existence, n’y même de mes projets. Je dois également dire que je rechigne à le rencontrer. Voyez vous, je veux lui en dire le moins possible, c’est un personnage dangereux, et qui sait ce qu’il ferait avec de telles informations. Je ne suis qu’une sorcière parmis d’autres, je ne pourrais jamais me protéger.
Alors, j’ai revêtu ma tenue de combat. Tandi que mes parents ignorent son existence, elle est pourtant le pont qui me permettra de me séparer d’eux. Une robe longue, d’une blancheur presque transparente, très légère, trop peut être. Pour sublimer la fragilité de mon corps, pour laisser entrevoir toute sa grâce, toute sa délicatesse. Un masque de carnaval, qui ne recouvre que les yeux, paré de quelques coquillages colorés ici et la. Des gants, des bottines, et un ruban à la taille. Un ruban bleu, pour s’assortir à mes cheveux. Je suis belle, et je vais le lui prouver. Tout diable qu’il est, je vais lui montrer que je ne suis pas à prendre à la légère. Désespérée, oui, mais toujours fière.
Alors, ainsi apprêtée, j’ai déposée dans ma main de la salive. La main tendue, je l’ai laissée lentement tomber. Regardant les gouttes former un portail vers ma dimension préférée. Ouvrant la bouche, j’ai parlée dans une langue que les humains ignorent souvent. Celle de l’océan. Quelques instants plus tard, une orque pointa le bout de son nez. D’un grand sourire, je l’ai incité à se rapprocher. Plus confiante, cette dernière est sortie, et, nageant autour de moi, s’est mise à faire des cercles de plus en plus rapprochés. Nous étions sur le toit de mon immeuble, je savais donc que je pouvais me permettre ce genre de fantaisies. De toute façon, personne n’aurait eu à y redire, ce genre de spectacle était tellement courant.
J’étais confiante oui, et certains poissons, de plus petites tailles, sortirent également. Curieux de ce spectacle, attirés par la promesse d’une nouvelle aventure. D’un geste de la main, je les guida autours de moi, comme l’orque avant eux. Quand enfin, ce dernière se mit à ma portée, je l’enfourcha, toujours confiante. La bête ronronna sous moi, et je sut que nous pouvions y aller. Navigant dans le ciel, les petites sardines nous entourant comme une vague déferlante.
A quelques mètres seulement de la voiture de Luciano, je me suis mise debout, puis ai sauté du dos de mon orque, et ce, alors qu’elle était encore en mouvement. Tellement de classe dans ce geste, je n’étais pas pour rien la sorcière de l’océan. Je ne me suis pourtant pas écrasée comme une éponge mouillée, la nuée de petits poissons prenant le relai, m’entourant pour doucement me déposer sur la route. Juste en face de la voiture de mon mafieux préféré, le banc se dispersa dans un chaos contrôlé. Obligeant le conducteur à freiner pour ne pas s’écraser dessus. Nous y étions, la partie pouvait maintenant commencer.